Grands entretiens de la philanthropie : Solenne Devys

D’où vous vient cette volonté d’engagement en tant que citoyenne et dirigeante d’entreprise ?

J’ai grandi dans une famille où l’on m’a toujours inculqué l’idée que j’étais privilégiée. Dès la sortie de l’EDHEC j’ai commencé à chercher comment concilier mes aspirations personnelles avec mon engagement professionnel afin de m’épanouir pleinement et de trouver du sens dans mes missions.
Je me suis alors tournée vers un master en entrepreneuriat, avec l’idée que si je ne trouvais pas d’entreprise dans laquelle je me reconnaissais, je pourrais peut-être en créer une. L’occasion s’est présentée plus rapidement que je ne l’aurais cru.

À la fin de mon stage de fin d’étude mon père m’a proposé de l’épauler dans la création de la marque, de l’identité visuelle et de la stratégie de communication du groupe hôtelier qu’il venait de fonder.
En rentrant en France début 2011, je me suis retrouvée avec lui dans un bureau vide, face à un simple brouillon d’idée. Il m’a expliqué ce qu’il voulait faire et les valeurs qu’il souhaitait défendre : une hôtellerie ancrée dans son environnement, indépendante et respectueuse de ses collaborateurs. C’est ainsi qu’OKKO Hotels est né.

Qu’est-ce qui, selon vous, distingue OKKO Hotels des autres groupes hôteliers aujourd’hui ?

Dès le début, nous avons voulu sortir des codes classiques de l’hôtellerie en proposant une offre haut de gamme mais accessible, ancrée dans le local et portée par une équipe engagée.
Nous avons pensé chaque détail dans une logique de sobriété et de confort moderne : un design sobre et fonctionnel, des fournisseurs locaux, une implantation au cœur des villes, une attention constante à la qualité de vie au travail. OKKO, ce n’est pas un concept marketing : c’est un engagement quotidien.
Notre volonté est d’offrir une expérience authentique tout en restant fidèles à nos valeurs d’indépendance, de responsabilité et d’hospitalité durable.

Qu’est-ce qui vous a conduite à transformer OKKO Hotels en entreprise à mission et comment cela s’est-il concrétisé ?

Nos engagements ont toujours été là, mais après la crise sanitaire, il m’a paru essentiel de les structurer et de les rendre visibles, en cohérence avec les attentes de nos équipes, des jeunes générations et les défis de notre secteur. Dès ma prise de fonction à la direction générale, j’ai initié une consultation interne.

Ce sont nos collaborateurs qui ont exprimé avec force le besoin d’assumer plus ouvertement notre positionnement RSE. Alors que jusqu’ici j’avais adopté une approche prudente à l’idée de communiquer sur nos initiatives, j’ai compris qu’il fallait assumer notre singularité.

C’est ainsi que nous avons entamé le processus pour devenir une entreprise à mission. Cela nous a permis d’inscrire notre raison d’être, « concilier hospitalité haut de gamme et sobriété écologique », dans nos statuts, avec des objectifs précis qui sont mesurés tous les 18 mois par un organisme indépendant.

C’est un sujet qui est assez difficile à transmettre aux équipes. Il fallait faire comprendre à chacun ce que cela change d’être une entreprise à mission et quelles en sont les implications. La communication en interne et les formations ont joué un rôle central. À titre d’exemple, l’année dernière, nous avons formé tous les collaborateurs à l’atelier 2tonnes. L’obtention de ce statut fut une démarche exigeante, mais profondément fédératrice.

Pouvez-vous nous parler de l’initiative menée avec la Fondation Comyces pour l’Enfance ?

Cette initiative est née d’un échange avec un ancien camarade de l’EDHEC dont le fils a été hospitalisé. Il m’a partagé combien le fait d’habiter à Paris, près de l’hôpital, avait été une chance. Hélas, cela est loin d’être le cas de toutes les familles à cause du coût de l’hébergement et de l’impossibilité pour les hôpitaux d’accueillir les deux parents lors de l’hospitalisation de leur enfant.

Cette expérience l’a amené à créer la fondation Comyces qui met à disposition les chambres invendues des hôtels pour héberger gratuitement les familles qui ont un enfant hospitalisé. Chaque nuitée est considérée comme un don en nature de la part de l’hôtel.

Touchées par son histoire et convaincues par son projet, les équipes d’OKKO ont accepté que le groupe soit pilote de ce dispositif avec son hôtel de la gare de l’Est. L’année dernière, nous avons offert plus de 200 nuitées et cette année nous allons en offrir 1000 sur tous nos hôtels parisiens. C’est une action simple, peu coûteuse, mais qui fait une vraie différence pour les familles concernées.

Au-delà de votre rôle à la tête d’OKKO Hotels, quels sont vos engagements à titre personnel ?

Quand j’ai pris le poste de direction générale, j’ai vite compris qu’on ne peut pas tout faire par le prisme de l’entreprise.

À titre personnel, j’ai donc décider de consacrer du temps à des projets qui me tiennent à cœur. J’interviens en tant qu’investisseuse ou conseillère auprès de jeunes projets à impact, comme Ramdam Social, une structure qui reverse, pour chacun de ses produits alimentaires vendus, une partie du montant à des associations telles que les Restos du Cœur ou la Fondation des Femmes. C’est une nouvelle façon de consommer.

Dernièrement, j’ai souhaité rejoindre le projet de la Climate House et faire partie de cette aventure portée par 80 entrepreneurs réunissant ONG, start-ups, chercheurs et entreprises. Nous avons ensemble conçu un lieu de réflexion, d’action et de transmission autour des enjeux environnementaux en plein cœur de Paris. Je vous invite tous à aller la découvrir.

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