Le 2 avril dernier, Donald Trump proclamait le Liberation Day depuis la Maison-Blanche. Cette journée se voulait être l’annonce du nouveau régime de droits de douane voulu par le nouveau Président élu. Ce dispositif constitue l’un des piliers de son programme politique America First et restructure l’ordre commercial international.
Les États-Unis opèrent un virage majeur dans leurs relations commerciales avec le reste du monde. Ils détricotent les accords de libre-échange conclus progressivement depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et réinstaurent des niveaux de tarifs douaniers que nous n’avions pas connus depuis la Grande Dépression. Cette décision n’est évidemment pas du goût des principaux partenaires économiques des États-Unis, qu’il s’agisse de pays alliés ou d’États avec lesquels la Maison-Blanche n’entretient pas de bonnes relations diplomatiques. Dès les premières annonces, la Chine a ainsi opté pour une stratégie d’escalade en répondant coup pour coup aux annonces de Donald Trump. Pékin est allé jusqu’à recourir à l’arme de la dépréciation du change en laissant filer le Yuan jusqu’au niveau de 7.35 contre 1 dollar, un niveau qui n’avait jamais été touché au cours de la décennie écoulée.
Cette décision a engendré une crise de confiance sur les marchés financiers internationaux, notamment aux États-Unis. En effet, une semaine après cette annonce, le 9 avril, les actions américaines perdaient entre 12 % (S&P 500) et 14 % (Nasdaq). Cette dépréciation s’est accompagnée d’une baisse des actifs refuge que sont la dette à dix ans américaine (les Treasuries) – dont le taux de rendement a franchi les 4,50 % ce même 9 avril – et le dollar américain. Ce dernier a en effet franchi à la baisse le seuil de 1,15 face à l’euro et se négocie à la fin du trimestre autour de 1,18, accentuant de ce fait son repli. Les investisseurs non-résidents manifestent une certaine méfiance face à des décisions qui s’inscrivent parfois en contradiction avec des accords commerciaux conclus depuis des décennies et dénoncés unilatéralement par Donald Trump. L’ampleur de la correction sur la valorisation des actifs financiers américains a toutefois conduit le Président à revoir sa copie, en instaurant par exemple des moratoires quant à l’application du nouveau régime de tarifs ou en excluant certains produits de l’assiette.
Il faut dire que Donald Trump a absolument besoin de ce nouveau cadre tarifaire afin de pouvoir financer les baisses d’impôt massives qu’il s’est engagé à mener lors de la course à la Maison-Blanche. Il souhaite en effet pérenniser des crédits d’impôt consentis lors de son premier mandat et défiscaliser une part significative des revenus du travail des Américains. Or les finances publiques américaines connaissent une forte dégradation depuis quelques années. L’agence Moody’s a d’ailleurs dégradé sa notation de la dette américaine en lui retirant son triple A le 16 mai dernier. Celle-ci dépasse désormais les 35 000 milliards de dollars alors que le déficit public atteint presque 8 % du PIB ! Cette équation explique clairement l’intensité avec laquelle le président Trump mène cette guerre commerciale.
En parallèle, les tensions géopolitiques mondiales ont franchi une nouvelle étape suite à l’ouverture d’un nouveau front de conflit entre Israël et l’Iran. L’action militaire menée conjointement avec les États-Unis contre les sites d’enrichissement nucléaire iraniens a frappé par sa rapidité et sa démonstration de puissance. Pour autant, les conséquences sur les marchés financiers et sur la valorisation du pétrole en particulier demeurent assez faibles. La nouvelle cartographie mondiale de la production d’hydrocarbures a rebattu les cartes. Les États-Unis sont désormais le premier producteur mondial de pétrole à 13 millions de barils par jour, là où l’Iran n’en produit que 3,3 millions, soumis d’ailleurs à embargo. La revue à la baisse des perspectives de croissance par les grands organismes financiers internationaux et l’augmentation de la production des pays membres de l’OPEP+ constituent des facteurs négatifs qui pèsent davantage sur la valorisation du baril.
Malgré ce contexte dégradé, nous n’avons pas poursuivi une réduction à la baisse de notre exposition aux actions. Nous avions engagé une désensibilisation au cours du premier trimestre que nous n’avons pas poursuivie entre mars et juin. Nous nous interrogeons en revanche sur la poursuite de la dépréciation du dollar et des conséquences de ce mouvement sur la valorisation des investissements pour un épargnant européen.
Nous serons attentifs à la saison des publications semestrielles au cours de laquelle les équipes de direction des grands groupes seront en mesure d’exposer les premières conséquences du nouvel ordre commercial mondial sur leur profitabilité.
Nous restons relativement prudents sur la gestion obligataire des actifs qui nous sont confiés. La hausse des taux de refinancement conjuguée au ralentissement de l’activité économique mondiale oblige à maintenir un biais prudent sur cette classe d’actifs. La reconstitution de la prime de terme – soit l’écart de rémunération entre la partie longue et la partie courte de la courbe des taux – nous permet toutefois de rallonger quelque peu la maturité du portefeuille.

Lettre rédigée par Pierre Carpentier, Directeur de la Gestion chez Dubly Transatlantique Gestion
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