#HORIZONMARCHÉS

Emploi, salaires et inflation

Comment l’inflation est influencée par la croissance des salaires et donc par le marché du travail ?
Quel est le lien entre croissance des salaires et taux de chômage ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs à la Banque Transatlantique.

Transcription de la vidéo

Horizon marchés : Emploi, salaires et inflation

Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Emploi, salaires et inflation

Dans nombre de pays développés, notamment outre-Atlantique, l’inflation semble avoir atteint un pic, ou devrait être en passe de l’être prochainement en Europe. Par contre, au-delà de l’impact temporaire des prix de l’énergie et de l’alimentaire, se pose la question de l’inflation sous-jacente, indicateur surveillé par les banques centrales. Cette inflation de moyen-terme est influencée en grande partie par la croissance des salaires et donc, in fine, par le marché du travail.

Quel est le lien entre croissance des salaires et taux de chômage ?

La croissance des salaires dépend de plusieurs facteurs : la productivité, le taux d’inflation et le pouvoir de négociation des salariés. Celui-ci est, « en théorie », plus élevé en période de faible taux de chômage.

Cependant, durant la dernière décennie, avec la baisse de la productivité et de l’inflation, la croissance des salaires était modérée. Et ce, malgré de faibles taux de chômage dans les pays développés. Or, très récemment, alors que les taux de chômage n’ont que très légèrement baissé par rapport à la période pre-covid, la croissance des salaires, elle, s’est fortement accélérée pour atteindre son plus haut niveau depuis 30 ans dans les pays développés.

Comment expliquer cette rupture ?

Le taux de chômage, tel que publié, masque une réalité du marché du travail beaucoup plus tendue... si on se fie à d’autres indicateurs tels que les intentions d’embauche, les taux de démission, les pénuries de personnel qualifié ou les emplois non pourvus. Sur ce dernier point, la pandémie Covid a bouleversé le marché du travail, qui a perdu de son efficacité à faire correspondre offre et demande d’emploi.

Dans certains pays, comme les États-Unis ou le Canada, la part des plus de 55 ans dans la population active a baissé suite au Covid. Or, cette tranche d’âge possédait les qualifications et l’expérience qui manque aux plus jeunes. Cette baisse, amplifiée par les cas de covid long, n’a pas pu être compensée par des flux migratoires, en diminution.

Et, le marché de l’emploi n’est pas un tout uniforme. Certaines professions manquent cruellement de candidats. Les salaires sont tirés à la hausse et le nombre de postes non pourvus augmente. Le secteur de l’hôtellerie-restauration en est un exemple.

À ce déséquilibre entre l’offre et la demande, s’ajoute un contexte d’anticipation d’inflation élevée, qui pousse les salariés à négocier davantage leur rémunération pour faire face à la hausse des prix.

Quelle est la réaction des banques centrales ?

Par le passé, lorsqu’il était nécessaire de casser cette spirale inflation-salaires, les banques centrales avaient mené des politiques monétaires restrictives, ce qui n’était pas sans effet sur les économies et les marchés financiers. C’est donc une question clé pour les banquiers centraux qui doivent estimer jusqu’où ralentir l’économie pour ramener la croissance des salaires à un niveau plus cohérent avec la cible d’inflation, sans pour autant trop endommager la croissance de l’économie.