#HORIZONMARCHÉS

Le risque géopolitique dans sa gestion de portefeuille

Quelles sont les conséquences des chocs géopolitiques sur l’économie ?
Quel est le principal risque géopolitique à redouter aujourd’hui ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Transcription de la vidéo

Horizon marchés : Le risque géopolitique dans sa gestion de portefeuille

Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l’allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Le risque géopolitique dans sa gestion de portefeuille

Envolée des prix du gaz, guerre commerciale Chine / États-Unis : ces évènements rappellent que les États ont toujours utilisé de leur influence politique pour promouvoir leurs intérêts économiques et réciproquement. Ces stratégies d’État doivent être prises en compte dans les choix d’investissement car susceptibles de peser à la fois sur le retour sur investissement mais aussi sur le risque associé.

Quelles sont les conséquences de ces chocs sur l’économie ?

En général, les chocs géopolitiques, exogènes par nature, entraînent à court terme une hausse des valeurs refuges comme le 10 ans américain, ainsi que la hausse de la volatilité, caractérisée par l’indice VIX. L’impact boursier dépend du degré d’intégration en amont de l’évènement par le marché et de sa soudaineté. D’autres facteurs entrent en ligne de compte : l’impact du choc sur les infrastructures d’une économie, le potentiel de baisse du PIB, voire la hausse de l’inflation qui en résulte.

Parmi ces chocs géopolitiques de court terme, l’accès aux matières premières est de première importance. Les cours des matières premières énergétiques, tel le pétrole ou le gaz, influencent la santé générale des économies. Une pénurie de l’offre entretenue par des États en position de force, soit agissant seul soit par le biais de cartels, déclenche de fortes hausses de prix, qui peuvent se généraliser à l’ensemble de l’économie.

Le pouvoir d’achat du consommateur s’en trouve affecté. Face à cette inflation, les banques centrales peuvent être tentées d’augmenter leur taux directeurs, avec comme risque, un ralentissement de l’économie voire une baisse de valorisation des actifs.

Si ces chocs de matières premières ont des conséquences négatives sur les pays importateurs, elles ont, à l’inverse, un impact positif sur les pays exportateurs.

Quel est le principal risque géopolitique à redouter aujourd’hui ?

Le principal risque géopolitique qui est à appréhender actuellement dans son portefeuille, de plus long terme cette fois, est la guerre commerciale en cours entre la Chine et les États-Unis. En deux décennies et grâce aux accords de libre-échange, la Chine est passée du statut d’atelier du monde à celui de super puissance économique. La Chine conteste aujourd’hui aux États-Unis leur suprématie en demandant davantage de poids politique sur la scène internationale.

Si, dans la décennie 2000, la montée en puissance de la Chine profita aux États Unis, elle constitue aujourd’hui une menace. Les États-Unis peuvent contribuer à ralentir cette montée en puissance par l’instauration de barrières douanières, la fermeture de certains marchés intérieurs américains (comme celui des équipements télécoms notamment), des embargos technologiques à l’export et plus récemment des alliances militaires.

D’où la stratégie chinoise de réduire la dépendance de son économie vis-à-vis de l’extérieur mais aussi de forger ses propres alliances pour éviter un encerclement. Dans ce découplage, les deux blocs diversifient leur chaîne logistique et pourraient être amenés à diversifier leur standard technologique. Ces tendances font peser un risque supplémentaire d’inflation.

Cependant, compte tenu de l’interconnexion commerciale forte de la Chine avec le reste du monde, un trop fort ralentissement en Chine affecterait directement les pays émergents producteurs de matières premières, mais aussi par ricochet des pays européens, également fournisseurs de la Chine.

En conclusion, ces risques géopolitiques, susceptibles d’influer sur les rentabilités futures, à court terme et à moyen terme, doivent être pris en compte par l’investisseur. Concrètement cela prend la forme d’une prime de risque plus élevée aux classes d’actifs concernées. Historiquement, les évènements géopolitiques ont affecté avant tout, les matières premières et les devises, mais ils peuvent impacter également les marchés obligataires et actions, particulièrement ceux des pays émergents. Attention cependant au biais comportemental de préférence géographique : en 2011, lors de la crise des dettes souveraines européennes, ce sont les investisseurs asiatiques qui exigeaient une prime de risque avant d’investir en Europe.

À très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés