Le Fonds de Dotation Transatlantique donne la parole à des philanthropes engagés dans le cadre des Grands entretiens de la philanthropie. Aujourd'hui, Blandine Mulliez, présidente de la Fondation Entreprendre, partage avec nous son action philanthropique au service de l'homme et de l'emploi.

Quelles motivations guident votre engagement philanthropique ?

Ma vie est guidée par des valeurs profondément humanistes de respect, de partage et d’accueil. Je suis viscéralement attachée à ce que chacun puisse avoir accès à la dignité. Pour ma part, je la conçois par l’emploi qui permet d’avoir accès aux droits fondamentaux tels que la santé et le logement. J’ai choisi de m’engager dans le développement de l’entrepreneuriat car je suis convaincue que l’emploi est de « santé publique » ! Il est aussi un préalable à la réalisation de soi. C’est pourquoi je soutiens, à la fois en parole et en actes, ceux qui s’engagent avec et pour les autres. Chacun peut agir à sa juste mesure, et être à sa juste place ; je suis donc une philanthrope engagée !

Compte-tenu de cette orientation entrepreneuriale, peut-on parler d’accélérateur de projets philanthropiques ?

Abritante depuis 2015, la Fondation Entreprendre offre une opportunité à des porteurs de projets d’intérêt général de donner vie à leurs ambitions dans le respect de nos valeurs, notamment la générosité et l’engagement. Nous mettons en place un accompagnement professionnalisé et sur-mesure pour chaque création de projet, et c’est en cela que nous avons un véritable rôle d’accélérateur philanthropique. En outre, pour générer ou renforcer des synergies, nous favorisons les échanges d’expériences et de bonnes pratiques entre nos fondations abritées, ainsi qu’avec d’autres acteurs de la philanthropie, ce qui nous permet d’élargir notre socle de « philanthrepreneurs ».

La philanthropie est un levier essentiel dans le développement des actions d’intérêt général. Chaque acte de générosité nous permet d’agir de façon précise et ciblée auprès des associations que nous soutenons. Nous avons pu développer une méthodologie exigeante d’identification de projets, d’accompagnement, de mise à disposition d’expertise et d’audit 360° pour qu’elles puissent accélérer leur croissance et démultiplier leur impact.

Pensez-vous que la philanthropie soit une affaire de famille ?

Je pense que la philanthropie est davantage un engagement personnel que familial, mais il peut rassembler les membres d’une famille autour d’un projet de générosité. Dans ce cas, le sens de l’engagement est renforcé, les moyens mobilisés sont plus importants et le projet s’inscrit dans la durée grâce à sa dimension collective. L’implication des jeunes peut apporter un regard différent au sein d’un groupe familial, et l’enrichir de nouveaux engagements, tel que la préservation des équilibres planétaires, tant en matière d’écologie que d’égalité des chances. Ce sujet important est une magnifique opportunité pour inclure la nouvelle génération et l’inviter à faire preuve de générosité envers la société, d’autant plus qu’elle témoigne d’un véritable intérêt pour l’entrepreneuriat.

Dans quelle mesure les engagements philanthropiques, qui se développent rapidement en France ces dernières années, influencent-ils l’entrepreneuriat classique ?

Je me réjouis de cette évolution, le but n’étant pas de développer la gratuité mais bien de permettre à chacun de vivre dans la dignité. Il faut cependant veiller à distinguer les projets au service de l’intérêt général portés par les associations et les fondations de ceux au service de l’intérêt collectif des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

La limite est d’autant plus floue que nous voyons aussi émerger depuis quelques temps des modèles hybrides permettant aux entreprises de mieux prendre en compte les enjeux sociétaux et environnementaux et aux organisations d’utilité publique de pallier à la baisse de subventions et d’atteindre une maturité qui permet une autonomie partielle. Des associations telles que Simplon, Singa, Les Premières, Ticket for Change, Enactus offrent ainsi un service proposé par une entreprise de l’ESS qui reverse une partie de ses ressources à l’association non lucrative.

La pure générosité d’intérêt général est pour sa part profondément désintéressée et ne concerne que le monde associatif « classique ». Elle permet d’accompagner des structures sans rentabilité en raison de leurs missions d’innovation sociale et de la fragilité des publics auxquelles elles s’adressent. Certaines entreprises impliquent à ce titre leurs collaborateurs dans des causes sociétales, par exemple le développement de l’entrepreneuriat en partenariat avec la Fondation Entreprendre.

Repères biographiques

Née à Roubaix en 1965 dans une grande famille d’entrepreneurs du Nord, Blandine Mulliez a commencé sa carrière dans l’univers médical, où elle a exercé pendant près de 10 ans avant de rejoindre le Réseau Entreprendre Nord de 2002 à 2009. En 2008, elle participe à la création de la Fondation Entreprendre, dont elle prend la présidence en 2009. Reconnue d’utilité publique et abritante, cette fondation accompagne et soutient les structures associatives pour répondre aux problématiques de l’entrepreneuriat auprès des jeunes, des femmes, des publics fragiles et des entrepreneurs en phase de création, de développement, de reprise et de rebond. Forte d'une formation économique au sein de l’AFM, Blandine Mulliez est également administratrice du Club des Entrepreneurs de 2011 à 2015, vice-présidente du CFF depuis 2015, membre des comités exécutifs des fondations Tocqueville et Étoile et membre des comités d’administration d’Entreprendre pour Apprendre et du Comité Grand Littoral depuis 2017.

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