La Banque Transatlantique donne la parole régulièrement à des philanthropes engagés.

Aujourd'hui, Anne Bouverot, présidente du Conseil d’Administration de l’ENS nous partage son engagement pour la recherche et pour une utilisation juste de l’intelligence artificielle.

Vous êtes dirigeante d'entreprise et philanthrope. D’où vient votre volonté de servir l’intérêt général ?

Je pense que c’est quelque chose qui m’a été transmis par la culture anglo-saxonne dans laquelle j’ai grandi car ma mère est Canadienne. Dans les pays anglo-saxons, on apprend aux enfants la notion de « give back » dès le plus jeune âge, en les incitant à lever des fonds pour une cause – en vendant des biscuits etc. Plus tard, il est devenu évident pour moi de mettre mon attrait pour les sciences au service de l’intérêt général.

La Fondation de l’ENS soutient et développe les activités de recherche et de formation de l’École normale supérieure (ENS). Quel type d’accompagnement propose-t-elle ?

La Fondation de l’ENS a plusieurs axes d’intervention : le soutien aux normaliens et normaliennes via les bourses de la Fondation ; le soutien à la recherche par la création de chaires ; la valorisation de son patrimoine bâti. Les mécènes de la Fondation sont autant des alumni que des entreprises ou des fondations engagées pour la recherche autour de l’intelligence artificielle (IA), le climat, la santé.

Avez-vous toujours eu à cœur de soutenir des projets philanthropiques en lien avec vos activités professionnelles ?

Oui j'ai toujours eu en tête de concilier ma passion pour les sciences et les technologies avec ma vision pour une société plus juste. Dès 2007, j’ai participé à créer la Fondation GSMA pour promouvoir l’impact social de la technologie mobile. Plus tard, j’ai voulu soutenir la communauté de l’Ecole Normale Supérieure et j’ai rejoint la Fondation de l’Ecole sur des actions philanthropiques en lien notamment avec la recherche sur les technologies et l’intelligence artificielle, mes secteurs d’expertise.

Vous avez cofondé la Fondation Abeona, quelle est la genèse de ce projet ?

Il y a six ans, j’ai décidé de lancer ma propre initiative philanthropique. J’ai créé avec Tanya Perelmuter la Fondation Abeona, dans le but de promouvoir une intelligence artificielle emprunte de justice et d’équité. Nos sociétés vont être transformées par l’IA. Il me semble crucial d’accompagner son développement en s’assurant de le faire de manière responsable. Le nom Abeona a été inspiré par une déesse romaine invoquée par ceux qui prennent un nouveau départ. Nous sommes à l’origine de la chaire « Intelligence artificielle et justice sociale » à l’Ecole Normale Supérieure, qui va accueillir des experts internationaux pour développer ces sujets.

Quelles seront les prochaines étapes de votre engagement philanthropique ?

En décembre 2023, la Fondation Abeona, avec l’École Normale Supérieure et l’Université Paris Dauphine, a annoncé la création de l’Institut « IA et Société ». Etant co-présidente du Steering Committee, c’est pour moi une nouvelle étape importante dans mon engagement philanthropique.

Alors que l’Europe travaille sur l’AI Act, la France souhaite devenir un des leaders de la recherche et de l’innovation en IA. La mission de l’Institut sera donc, par la recherche, de former et d’informer sur les impacts économiques et sociétaux de l’IA afin de peser sur les choix à venir. En encourageant le débat sur les politiques publiques et la géopolitique de l’IA, notre ambition est aussi de sensibiliser à un usage responsable de l’IA et de faciliter l’innovation durable.

Repères biographiques

Anne Bouverot

Diplômée de l’ENS en 1985 (Sciences), Anne Bouverot est ingénieure du corps des Télécommunications (Mines) et titulaire d’un doctorat en intelligence artificielle à l’ENS.

Elle fut tour à tour directrice générale de GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobiles, puis présidente de la société de technologie Morpho.

Ses expériences incluent également des postes d’administratrice tels que Présidente du Conseil d'Administration de Technicolor, membre du conseil d’administration d’Edenred (société qui fournit des services de paiement dans le monde professionnel depuis 2010), de Capgemini (depuis 2013), mais aussi de Cellnex Telecom (société espagnole) et de Ledger.

Anne Bouverot a été présidente de campagne de la Fondation de l’ENS et est également depuis 2022 Présidente du Conseil d’Administration de l’École Normale Supérieure. Récemment, elle a été nommée co-Présidente du Comité interministériel de l’intelligence artificielle générative. Ce comité a pour objectif de contribuer à éclairer les décisions du Gouvernement en matière d’IA.

En savoir plus :

Fondation de l'École normale supérieure – FENS (psl.eu)

FONDATION ABEONA