La Banque Transatlantique donne la parole régulièrement à des philanthropes engagés.

Aujourd'hui, Carole Pecoux nous présente son initiative philanthropique familiale et les actions qu’elle mène en France et en Asie du Sud-Est.

Comment est né votre engagement philanthropique et pourquoi avez-vous souhaité créer une fondation familiale ?

De retour d’un voyage au Cambodge aux côtés de fondateurs familiaux philanthropes, nous avons décidé avec mon mari de lancer notre propre initiative philanthropique.

Cet engagement s’inscrit pour nous dans une démarche globale : chacun, s’il le peut, doit prendre sa part dans la construction d’une société plus fraternelle.



Dès le départ, nous avons souhaité associer nos trois filles, alors âgées de 20 à 30 ans, à cette aventure. Nous voyons dans la philanthropie une forte dimension éducative et un moyen de transmettre des valeurs.

C’est ainsi que nous avons décidé de créer une fondation familiale abritée afin de nous concentrer sur nos missions et de déléguer les aspects administratifs. En effet, nous sommes très sensibles à la qualité des échanges humains que nous pouvons tisser sur le terrain avec des professionnels du monde associatif. Ces liens créés sont une grande source d’enrichissement pour nous.

C’est également pour cette raison que nous avons placé notre fondation sous l’égide de la Fondation Caritas France, en cohérence avec nos valeurs et dans un esprit de confiance et de collaboration avec ses équipes.

Quelles sont les missions de la fondation ACOME ?

Notre fondation ACOME (acronyme de nos cinq prénoms) a deux objectifs principaux : faciliter l’accès aux soins pour les personnes en grande précarité et soutenir la formation qualifiante de publics défavorisés pour favoriser leur insertion ou réinsertion professionnelle.

La majorité de nos actions se concentre en France, mais nous soutenons aussi des projets au Cambodge et au Vietnam, pays que nos enfants connaissent bien.

Ces deux axes peuvent parfois se rejoindre : par exemple, l’association L’Envolée de la Chrysalide basée à Saint-Nazaire accueille de jeunes adultes porteurs d’un handicap mental, veille à leur santé et propose pour ceux qui le souhaitent une formation qualifiante dans la restauration.

Vous soutenez également l’association Im’pactes présidée par Céline Greco. Qu’est-ce qui a motivé ce choix en particulier ?

L’association Im’pactes agit en faveur des enfants et adolescents victimes de violences.

Elle met en place un programme innovant combinant accompagnement scolaire, artistique, culturel et expérientiel-métiers pour donner les chances d’un épanouissement social et professionnel réussi et serein aux enfants et jeunes adultes pris en charge en protection de l’enfance.

J’ai rencontré la professeure Céline Gréco en octobre 2024 ; sa vision et son énergie m’ont profondément marquée, au point de me convaincre de m’engager à ses côtés dans la création d’un centre de santé à Paris dédié aux enfants et aux jeunes pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).



Ce projet, soutenu par de nombreuses personnalités politiques et économiques, répond à un enjeu majeur et encore méconnu : 380 000 enfants et adolescents sont concernés par l’ASE et 14 % des jeunes en France subissent des violences, allant du harcèlement au viol en passant par toute forme de sévices psychiques ou somatiques.

Le premier centre, sous forme d’hôpital de jour, ouvrira en octobre 2025 et accueillera dès le 2 novembre des enfants et adolescents avec un accompagnement pluridisciplinaire. Il recevra 2 000 jeunes par an, soit environ 6 000 consultations annuelles.

Une duplication est déjà prévue dans les Hauts-de-France avec l’accord de l’Agence régionale de santé et un large soutien local pour la construction d’un bâtiment adapté.

Des discussions avancées sont également en cours pour essaimer ce programme à Bordeaux et à Marseille.



Cette problématique de l'ASE peut être abordée aussi sous des angles différents : soutien scolaire, accueil dans un lieu de vie, accès à toute forme d’expression artistique ou encore insertion professionnelle via le mentorat par exemple.

Il me paraît indispensable que nous, fondations familiales, nous engagions collectivement et prenions notre part dans cette cause, car les violences familiales ne sont pas seulement l'apanage des milieux sociaux vulnérables.

Quelles sont les ambitions et les prochaines étapes de votre projet philanthropique ?

Nous privilégions un soutien pluriannuel aux projets que nous accompagnons, et ce pour leur offrir stabilité et visibilité, tout en intégrant chaque année 4 à 5 nouvelles initiatives.

Parmi nos soutiens passés et actuels :

  • En Asie : Audition Solidarité, Agir pour le Cambodge.
  • En France : La Table de Cana (réinsertion professionnelle), du Pain & des Roses (formation de femmes primo-arrivantes au métier de fleuriste).


Nous réfléchissons déjà à la pérennité de notre fondation et espérons que l’une ou plusieurs de nos filles en reprendront le flambeau. Avec elles, nous échangeons d’ores et déjà sur différentes pistes de contribution financière afin de garantir la continuité de nos actions après notre disparition. Plus largement, nous sommes convaincus que les philanthropes privés, avec les moyens dont chacun dispose, peuvent jouer un rôle d’amorce et inspirer des dynamiques durables au service du bien commun.

Repères biographiques

Carole Pecoux

Après des études en école de commerce, Carole Pecoux débute sa carrière dans le courtage d’assurance et la communication financière.

Elle rejoint ensuite le monde culturel, notamment lors de la réouverture du musée des Arts décoratifs, avant d’orienter sa trajectoire vers l’investissement solidaire chez Phitrust et de s’engager activement dans le secteur associatif.

Elle se mobilise dès les débuts de la Fondation Caritas France, puis crée avec sa famille la fondation ACOME, qu’elle dirige aujourd’hui.