#HORIZONMARCHÉS

2022, année de la gestion alternative ?

Le début de l’année a montré que les obligations ne protègent plus nécessairement un portefeuille d’une forte chute des marchés actions, comme ce fut le cas lors des deux décennies précédentes.
Quels sont les avantages et les risques de la gestion alternative ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Transcription de la vidéo

Horizon marchés : 2022, année de la gestion alternative ?

Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Selon vous, est ce que 2022 sera l’année de la gestion alternative ?

Après une très belle performance de la classe d’actif en 2020, 2021 avait laissé les investisseurs quelque peu déçus par la gestion alternative, particulièrement au regard de la forte performance des marchés actions mais aussi de la destruction d’alpha. Le début de l’année a montré que les obligations ne protègent plus nécessairement un portefeuille d’une forte chute des marchés actions, comme ce fut le cas lors des deux décennies précédentes.

À l’inverse, les stratégies de gestion alternative ont, elles, en général, jouer leur rôle de diversification. La stratégie « Market Neutre Actions », par laquelle un gérant achète un titre et vend à découvert un autre titre, en neutralisant son exposition au marché, a ainsi joué son rôle de préservation du capital, rôle que n’ont pas assuré les obligations souveraines dans un contexte de forte hausse des taux longs. La stratégie d’arbitrage obligataire est à l’équilibre depuis le début de l’année.

La très forte volatilité sur les marchés de taux, entretenue par la hausse des attentes d’inflation et le durcissement des banques centrales, crée des opportunités d’arbitrage au sein des classes obligataires.

Ainsi, par exemple, l’arbitrage d’obligations convertible tire parti des disparités de prix entre l’obligation convertible d’une part et ses composantes obligataires, actions et optionnelles d’autre part. Cette stratégie a particulièrement bénéficié de niveaux élevés de volatilité et d’obligations à meilleur prix, dans un marché qui reste liquide après deux années record d’émission.


La stratégie Event-Driven est, elle, en légère baisse, certes profitant du regain des opérations de fusions-acquisitions après l’épidémie de Covid mais souffrant toutefois de moindres volumes d’opérations de marché. En notant que la hausse des incertitudes géopolitiques et macroéconomiques pourrait dorénavant peser sur le marché du M&A.

La stratégie de suivi de tendance systématique, aussi appelée CTA, a, elle, su tirer parti de l’identification de tendances sur différentes classes d’actifs telles que la hausse des taux courts américains ou de celle du dollar contre toutes devises depuis le début de l’année.

La stratégie Global Macro discrétionnaire affiche en général de fortes hausses en bénéficiant des opportunités de court et moyen terme offertes par les chocs géopolitiques, les politiques monétaires des banques centrales et la publication des données macro- économiques.

Les stratégies alternatives sont-elles sans risque ?

Il faut noter que, au sein de chaque stratégie, il existe une forte dispersion des performances entre les fonds. Si la stratégie peut être la bonne pour un contexte de marché donné, son exécution peut connaître des ratés.

Par ailleurs, ces stratégies embarquent des effets de levier, s’exposent à des risques de contrepartie, et peuvent intervenir sur des marchés moins liquides que les stratégies d’investissement traditionnelles. Le format UCITS permet d’atténuer ces risques mais au prix d’une moins forte espérance de rentabilité.

Quels sont les avantages de la gestion alternative dans le contexte actuel ?

Nous connaissons un contexte de fortes incertitudes sur la direction du marché qui se caractérise par une volatilité plus élevée. Les stratégies alternatives se positionnent, non pas en absolu sur la direction d’un marché, mais en relatif c’est-à-dire en tirant parti de différentiel de valorisation entre deux titres sans s’exposer à un risque directionnel de marché. La forte volatilité permet de faire apparaître ces opportunités d’arbitrage.

Par ailleurs, nombre de ces stratégies à effet de levier placent les capitaux sur des supports indexés sur les niveaux de taux courts. La remontée des taux entraîne mécaniquement une hausse de leurs perspectives de rentabilité.

En conclusion, les stratégies alternatives fournissent un outil intéressant de diversification pour un allocataire dans le contexte de marché actuel.

À très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés.