Digitalisation de l’économie, intelligence artificielle ou encore blockchain, la 4ème révolution industrielle n’est pas basée sur l’énergie mais sur le développement des mathématiques.
Dans une révolution tout change et il est très difficile d’imaginer ce que sera le futur.

Une méga révolution

Bonne nouvelle, nous sommes entrés dans la 4ème révolution industrielle. Après la vapeur, l’électricité considérée comme majeure et l’informatique considérée comme mineure, nous entrons dans une méga révolution commencée dans les années 2000 avec la digitalisation de l’économie, des communications, de la médecine etc.
Cette période représenterait la première marche suivie actuellement par le développement de l’intelligence artificielle pour gérer le Big data (gestion et utilisation des masses de données récoltées à travers tous les échanges informatiques), ce qui constituerait la deuxième marche. Il y en aurait parait-il encore 998 à gravir ? La troisième marche est, par nature, plus difficile à imaginer mais elle pourrait être le développement de la blockchain (technologie fiable et traçable de transmission de l’information). Contrairement à la 1ère et la 2ème révolution industrielle, la 4ème n’est pas basée sur l’énergie mais sur le développement des mathématiques (algorithmes), elle est intellectuelle et moins polluante.

Comment suivre cette évolution ?

D’après Philippe Dessertine, nous ne sommes pas assez vieux pour comprendre ce qu’est une révolution industrielle. Aujourd’hui personne ne peut plus témoigner. Imaginez en 1900, la Belle Epoque, il y avait 1 million de chevaux à Paris avec tout l’écosystème qui gravitait autour du cheval (Il en reste aujourd’hui 1000 et encore quand la garde républicaine est à Paris). Il fallait les nourrir, évacuer le crottin abondant et ferrer les chevaux. Le maréchal ferrant qui était installé depuis 5 générations au cœur de la ville sur le boulevard St Germain ne se faisait aucun souci pour l’avenir de ses enfants et petits-enfants avec une affaire pareille. Il ne pouvait pas imaginer que ses petits-enfants seraient un jour pompistes et encore il fallut qu’ils aient pris les bonnes décisions pour s’adapter.

Dans une révolution tout change et il est très difficile d’imaginer ce que sera le futur. Un des problèmes majeurs est la valeur des choses. Une entreprise florissante qui vaut des milliards peut se réduire à zéro, comme ce fut le cas pour les constructeurs de diligences. De même une idée géniale développée dans un « garage » (ou incubateur) peut finir par valoir des milliards, comme Amazon. C’est une grande difficulté pour les investisseurs et les entrepreneurs. Il faut vraiment avoir du flair pour suivre cette évolution.

Une croissance différente et plus propre ?

Une autre idée intéressante est que la génération des jeunes semble être plus sobre que celles qui l’ont précédé c’est-à-dire qu’elle rejette l’ostentation, le gaspillage et veut du pratique, abordable qui consomme moins d’énergie. La notion de propriété évolue. On « uberise » tout, c’est-à-dire que l’on partage son logement, sa voiture, son vélo, sa trottinette et sa tondeuse à gazon.

Enfin, cette révolution devrait réduire les concentrations du capital, des entreprises, des agglomérations, etc. L’intelligence artificielle, et les réseaux de communication, devraient faire la part belle aux PME/ETI (gazelles, start-up, licornes) et permettre à chacun de rester chez lui pour travailler, développer tout en restant connecté au reste du monde. Cela redonnerait la vie à nos campagnes et surtout apporterait la solution à l’asphyxie au carbone qui menace notre civilisation puisqu’on se déplacerait moins. Il y a donc de l’espoir pour notre planète avec une croissance différente et plus propre sans pour autant qu’elle soit réduite ou supprimée. La contrepartie est que « la prise de risque absolue est essentielle dans une révolution et que nous devons changer fondamentalement nos modèles en intégrant le droit à l’erreur et à l’échec pour mener ce formidable tournant ».

L’Homme devrait une fois de plus démontrer qu’il a un subconscient collectif qui lui donne la force de s’adapter à son milieu. Il faut y croire et cela donne toute la force à la devise employée par Churchill : « quand on traverse l’enfer, le meilleur moyen pour en sortir c’est d’avancer » et on sait aussi « qu’il y a toujours du ciel bleu derrière les nuages ». Merci Monsieur Dessertine pour cette bouffée d’oxygène. Elle nous est bien nécessaire dans cet univers carboné.

Propos recueillis lors des conférences de Monsieur Philippe Dessertine, économiste, professeur à l’Université de Nanterre, et directeur de l’Institut de Haute Finance.