Le mois d’août a une fois encore exposé l’antagonisme fort entre l’économie américaine et le reste du monde. Pour preuve, l’écart boursier déjà présent depuis le printemps n’a fait que s’amplifier. Depuis le début d’année, le S&P 500 affiche +14% alors que l’Eurostoxx et surtout l’indice des pays émergents, affichent respectivement -0.5% et -3.5% (en euros, dividendes réinvestis). Comment expliquer ce phénomène ?

Les États-Unis : une économie « au beau fixe »

Aujourd’hui encore plus qu’hier, les États-Unis affichent des chiffres de croissance à faire pâlir ses voisins avec une progression pour le 2e trimestre de 4,2%, faisant ainsi mieux que les attentes. L’indice de confiance des ménages a atteint son plus haut niveau depuis près de vingt ans et les résultats des entreprises américaines sont excellents avec plus de 70% des publications semestrielles au-dessus du consensus.

Après la mise en place d’une politique monétaire accommodante, l’administration du président Donald Trump a choisi de pallier le resserrement monétaire par la mise en place d’une politique budgétaire doublée d’une stratégie dite « America First » visant à taxer à l’importation d’un certain nombre de produits et matières premières afin d’assainir la balance commerciale américaine et soutenir l’emploi. Et ce, au grand dam des pays émergents.

Le monde émergent, victime de la politique de M. Trump

Une nouvelle fois encore, les pays émergents se trouvent pris en étau par la mise en place de la politique « America First » de M. Trump et le resserrement monétaire mené par la FED. Le crack de la livre turque de plus de 15% à la mi-août en est le parfait exemple. La Turquie a été pénalisée par la mise en place de tarifs douaniers, notamment sur l’acier venant ralentir sa croissance. Pour contenir cette baisse, le gouvernement doit augmenter ses taux directeurs, mettant ainsi un frein à la croissance du pays, ou alors faire le choix d’un contrôle des capitaux.

Ainsi, après le resserrement monétaire qui avait conduit à une fuite des capitaux étrangers des pays émergents vers les États-Unis, la stratégie de barrière douanière pénalise le cours des matières premières, fragilisant davantage les économies émergentes comme la Turquie, l’Argentine, le Brésil, etc.

Une situation toujours difficile en Europe

L’Europe reste elle aussi dans une situation en demi-teinte avec des prévisions de croissance du FMI qui sont passées progressivement de 2,4% en 2017 à 2% en 2018 et à 1,9% en 2019, une révision en baisse de 0,2% pour 2018 et de 0,1% pour 2019 par rapport aux estimations d’avril.

La menace des barrières douanières vient pénaliser la confiance des consommateurs ainsi que les investissements des entreprises. Les investisseurs ont montré des incertitudes quant au succès de la coalition italienne 5 étoiles-Ligue à présenter un budget à l’équilibre le 15 octobre à Bruxelles. Le coût total du programme étant estimé à plus de 100&nbps;Mrds€ alors que pour être à l’équilibre l’enveloppe disponible n’est que 30 Mrds€. La prudence reste de mise.

Dans ce contexte incertain, l’économie américaine s’impose aujourd’hui comme un refuge pour les investisseurs pour ses perspectives de croissance et d’innovations.