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Actions gratuites : quelles conséquences pour l’actionnaire et la valorisation boursière ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Tania Goncalves, gérant d’actifs chez Dubly Transatlantique Gestion.
Chaque année dans les grands groupes de nouvelles technologies, c’est entre 2 et 4% du capital de la société qui est donné aux salariés.
Si ce système de rémunération est plutôt vertueux pour les salariés et les entreprises, il comporte des risques et peut affecter les rendements des actionnaires.

Transcription de la vidéo

Actions gratuites, motivations, actionnariat et bourse dans le secteur des nouvelles technologies américaines

Connaissez-vous le salaire d’entrée d’un ingénieur de la Silicon Valley ?

Chez Google ou Facebook c’est plus de 200 000 USD avec une progression de plus de 10% par an. Sur cette rémunération vous avez entre 30 à 50% du global qui est versé en actions gratuites.

A priori c’est un système de rémunération plutôt vertueux puisque d’une part le salarié qui se voit verser ces actions profite de la hausse des bénéfices de l’entreprise dès le premier euro et est intéressé à faire fructifier les résultats et l’image de l’entreprise.

D’autre part, l’entreprise peut rémunérer davantage ses salariés et faire face à la concurrence sur les talents à compétences recherchées. De plus, ces actions ne sont acquises par le salarié qu’après une période de 3 à 5 ans minimum. L’entreprise profite par ce système d’une rétention de sa masse salariale sur la période.

Ainsi en 2018, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont versé plus de 30 milliards $ d’actions gratuites à leurs salariés.

Mais en réalité qui supporte les frais de cette rémunération ? C’est l’actionnaire

En effet, pour faire face aux actions gratuites attribuées aux salariés, l’entreprise a deux solutions :

  1. Soit, procéder au rachat de ses propres titres sur le marché donnant lieu à une réduction du cash disponible pouvant être versé sous forme de dividendes à l’actionnaire ou réinvesti dans l’entreprise.
  2. Ou bien, l’entreprise doit créer ex nihilo des titres venant augmenter le nombre total d’actions en circulation et faire baisser le bénéfice par action pour l’actionnaire. L’actionnaire subit donc une dilution à 100% des actions versées aux salariés.

Ainsi, chaque année dans les grands groupes de nouvelles technologies c’est entre 2 et 4% du capital de la société qui est donné aux salariés. Chez Google par exemple ça représente 100 millions de titres émis sur les 5 ans, soit 15% de la capitalisation boursière de la société.

L’actionnaire subit donc un manque à gagner entre 2 et 4% de rendements tous les ans.

Avec une progression du S&P 500 des nouvelles technologies de plus de 20% par an sur les 10 dernières années, ce manque à gagner est passé relativement inaperçu. D’autant que ces sociétés n’auraient sans doute pas autant progressé sans ces plans de rémunération.

En revanche, cette situation peut devenir critique pour les groupes qui en font un usage excessif. C’est le cas notamment de Palo Alto, le leader de la cyber sécurité, qui verse plus que sa marge opérationnelle en actions gratuites, faisant la part belle aux salariés aux dépens de l’actionnaire.

Ce mode de rémunération peut être risqué, surtout si les résultats ne sont pas au rendez-vous, car il peut accélérer la baisse du cours avec la vente des actions gratuites détenues par les salariés et pousser ceux-ci à quitter la société du fait de la baisse mécanique de leurs rémunérations.

Nous exerçons une vigilance particulière sur ces questions au vu de l’importance qu’elles prennent dans la rémunération des salariés et de son effet sur le cours de bourse. Certes, pour le moment cette pratique concerne surtout les valeurs de nouvelles technologies américaines et n’a pas encore été introduite massivement en Europe, mais cela pourrait être un sujet de préoccupation dans les années à venir. Merci pour votre attention et à très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés