#HORIZONMARCHÉS

Comment aujourd’hui les entreprises américaines optimisent-elles leur endettement ?

Depuis plus de 35 ans, nous avons connu une baisse importante et continue des taux d’intérêt.
Comment réagissent les entreprises américaines dans cet environnement ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Nadja de Benedit, directrice de la gestion obligataire, chez Dubly Transatlantique Gestion.

Transcription de la vidéo

Horizon marchés : comment les entreprises américaines optimisent-elles leur endettement ?

Comment aujourd’hui les entreprises américaines optimisent-elles leur endettement ?

Depuis plus de 35 ans, nous avons connu une baisse importante et continue des taux d’intérêt. Un exemple, le 10 ans américain est passé de 16% en 1981 à un peu moins de 1,6% aujourd’hui, soit une division par 10.

Comment pouvons-nous expliquer cette baisse ?

Dans le même temps, l’inflation a également beaucoup baissé. Elle représentait 14% en 1981, elle est aujourd’hui autour des 2.6% (CPI YoY US donnée fin mars 2021).

Mais également la croissance structurelle des pays occidentaux a, elle aussi, beaucoup baissé. Prenons un exemple : la France. Sa croissance structurelle était de 3,5% en 1980, celle-ci est désormais inférieure à 1%. À chaque crise, les banques centrales jouent le rôle de pompier. Depuis la crise de 2008/2009, elles ont eu besoin d’avoir recours à des instruments différents que la simple fixation des taux d’intérêts court terme, comme le quantitative easing (c’est-à-dire les achats directs d’actifs sur les marchés obligataires) afin d’assurer des taux bas et permettre ainsi au crédit de repartir et de sauver la croissance.

Comment réagissent les entreprises américaines dans cet environnement ?

Les entreprises, et notamment les plus solides comme Apple, Coca Cola, ou encore McDonald’s, ont profité de la baisse des taux et de la baisse des primes de risque pour :

D’une part : optimiser leur structure financière (maturités plus longues à moindre coût).

Prenons un exemple : Coca Cola qui a réussi à baisser son coût de 39 points de base et qui a doublé sa maturité moyenne entre le 1er trimestre 2020 et le 1er trimestre 2021.

En second, elles ont également utilisé la baisse des taux pour financer des dividendes distribués aux actionnaires et/ou des rachats d’actions. On a pu observer ainsi des cas particuliers d’émissions obligataires pour distribuer des dividendes qui évitaient aux entreprises de rapatrier leur trésorerie stockée à l’étranger et ainsi de payer les impôts qu’ils auraient dû. Ce fût le cas, par exemple, d’Apple, à la fin des années 2010 qui avait émis un encours record à taux quasi nul pour payer ses dividendes, profitant d’un arbitrage fiscalité/coupon très favorable. Optimisation fiscale, optimisation de l’échéancier de dettes... tout cela a jeté les entreprises dans la spirale de l’endettement toujours à plus long terme et toujours à des coûts de plus en plus faible.

Quid du remboursement ?

Nous sommes arrivés au bout de l’optimisation, au bout de la logique et dorénavant les cash-flows générés par les entreprises vont devoir servir au remboursement des dettes. Quid de l’impact sur les indices boursiers ? Avant la crise du Covid, la dette des entreprises américaines frôlait les 10 000 milliards de dollars soit 47% du PIB.

Les cinq prochaines années verront arriver à maturité 4.000 milliards de dollars de dette. Dans un contexte de taux bas, cette vague de refinancement à venir n'a rien d'alarmant. Mais s'il y a un changement de conditions ou des perturbations sur les marchés financiers, cela pourrait créer des difficultés. On peut dire que l’évolution des taux d’intérêt aura fait le bonheur non seulement de l’investisseur obligataire mais également de l’investisseur actions.

Ainsi un investisseur qui aurait acheté des obligations américaines émises par l’État ou par des entreprises, aurait gagné sur les 10 dernières années : 3.38% en moyenne par an (soit 40% sur la période) et un investisseur sur le S&P plus de 14% en moyenne annuellement sur la même période. Nous pouvons conclure en disant que si les taux d’intérêt augmentent tout le monde sera perdant aussi bien l’investisseur obligataire que l’investisseur en actions. Les deux risquent de souffrir.

Nous assistons peut-être à la fin d’un paradigme ?

Merci Nadja.

À très bientôt pour un nouveau point Horizon Marchés.