La démission de Sébastien Lecornu, annoncée lundi, n’a pas déclenché de tempête sur les marchés.

Si les investisseurs demeurent attentifs à la situation politique française, de façon surprenante, leur réaction reste mesurée, à l’image des précédents épisodes d’instabilité de l’année écoulée.

« Les derniers changements politiques n’ont pas toujours eu d’effet marqué sur les marchés », observe Jean-Patrick Mousset, Directeur de l’Advisory à la Banque Transatlantique.

Le CAC 40 a cédé jusqu’à 2 % en début de séance avant de se stabiliser, tandis que le rendement des obligations d’État françaises (OAT) à dix ans a légèrement progressé à 3,6 %.

Le spread OAT-Bund, autour de 86 points de base, traduit déjà une prime de risque politique intégrant la dégradation récente de la note de la France par Fitch et la possibilité d’un nouvel abaissement si les comptes publics venaient à se dégrader.

« Les obligations d’État français sont les plus concernées. Le spread actuel intègre déjà cette dégradation. En cas de remise en cause de la réforme des retraites ou d’une nouvelle dissolution, il pourrait s’élargir à 100 points de base », souligne Jean-Patrick Mousset.

Des marchés sous vigilance

Pour l’heure, aucune contagion majeure n’est observée au sein de la zone euro.

Une intervention de la BCE via le Transmission Protection Instrument (TPI) ne serait envisagée que si la prime de risque française s’envolait nettement, ou si apparaissaient des dysfonctionnements de marché non justifiés par les fondamentaux économiques.

« La France s’échange désormais à un coût supérieur à celui de l’Italie, un signal de vigilance à court terme », indique Pierre Carpentier, Directeur de la Gestion à Dubly Transatlantique Gestion.

Il rappelle également que près de la moitié de la dette souveraine française de long terme est détenue par des non-résidents, un facteur de volatilité supplémentaire en cas d’instabilité prolongée.

Les valeurs cycliques en première ligne

Sur les marchés actions, la prudence s’est installée.

Les secteurs bancaire, assurantiel et des concessions figurent parmi les plus touchés, du fait de leur sensibilité aux taux et à la conjoncture.

« La sous-performance du CAC 40 par rapport à l’Eurostoxx 50 – un rapport d’environ un à deux depuis le début de l’année – illustre en partie la prudence des investisseurs à l’égard du risque français », commente Pierre Carpentier.

La monnaie unique a également reflété cette réserve : l’euro est brièvement passé sous 1,17 dollar avant de se stabiliser.

« La parité euro-dollar reste avant tout déterminée par les politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique, davantage que par la situation politique française », rappelle Jean-Patrick Mousset.

Entre prudence et sélectivité

Malgré l’incertitude politique, les marchés conservent une logique de discernement.

Certains épisodes passés ont été suivis de phases de rebond à court terme, et les investisseurs restent à l’affût d’opportunités ponctuelles, sans précipitation excessive.

« Ces périodes peuvent offrir des points d’entrée à court terme », estime Jean-Patrick Mousset.

Pour Pierre Carpentier, « la visibilité reste limitée, compte tenu du caractère inédit et prolongé de la crise politique que traverse l’exécutif. La patience demeure préférable avant tout repositionnement significatif. »

Les prochains rendez-vous — nomination d’un nouveau Premier ministre et présentation du budget 2026 — devraient orienter la tendance dans les semaines à venir.

En attendant, la prudence reste de mise.

Pour tout complément d’information, votre banquier privé à la Banque Transatlantique se tient à votre disposition.

Article rédigé par Marc-Antoine Haffreingue, le 08/10/2025.