En observant aujourd’hui la dynamique des marchés obligataires, on ne peut qu’être surpris du succès des dernières émissions d’obligations alors même que celles-ci offrent de moins en moins de rendement.

Comment expliquer cet engouement alors même que 80% du stock mondial d’obligations offre un rendement inférieur à 2% (sans parler des 33% qui ont un rendement négatif) ?

Quel intérêt pour un investisseur d’acheter une obligation émise par l’État français d’une maturité de 10 ans alors que celle-ci offre un rendement de -0,30% ?

La maximisation des gains n’est pas toujours l’objectif premier d’un investisseur

Au vu de ces perspectives, de nombreux investisseurs peuvent être tentés d’abandonner la classe d’actifs au profit des actions dans l’optique d’améliorer leur potentiel de gain mais la maximisation des gains n’est pas toujours l’objectif premier d’un investisseur.

Pour placer ses avoirs, un particulier aura le choix entre : les actions, les obligations et le monétaire.

Si pour celui-ci la priorité est donnée à la performance, il aura tendance à privilégier les actions mais si au contraire, le but de l’investisseur est de minimiser ses pertes, il n’aura pas d’autre alternative que d’investir sur des obligations. En effet, le monétaire offre aujourd’hui une rémunération proche des -0,5%. Il aura tout intérêt à se positionner sur des obligations qui ont un rendement supérieur à -0,5%. Et lorsque l’on observe les performances des principaux indices obligataires en 2020, nous notons que l’investisseur obligataire a gagné de l’argent, alors que les investisseurs qui ont préféré le monétaire ou/et les grands indices boursiers européens en ont perdu. En effet, l’indice monétaire s’inscrit en baisse de 0,47% alors que l’indice des obligations d’États européens enregistre une hausse de 4,98% ; sur la même période l’indice CAC 40 perdait près de 5%.

Un arbitrage entre risque et rendement

Toute tentative de diversifier le risque des actions en détenant des obligations se fera au prix d’une performance moindre mais également d’un moindre risque. Cet arbitrage entre risque et rendement est au cœur des arguments en faveur de la détention d’obligations au sein d’un portefeuille équilibré.

À cet égard, il existe deux arguments majeurs :

  • Les obligations réduisent la volatilité propre aux portefeuilles constitués exclusivement d’actions. Les performances des obligations affichent une volatilité inférieure de 10 à 17% à celles des indices boursiers au cours des 25 à 30 dernières années.
  • Les obligations tendent à offrir des performances qui compensent partiellement les baisses des cours des actions. Elles ont pu dégager des rendements positifs au cours des périodes où les actions étaient les moins performantes. Ainsi, en 2008, alors que le MSCI World en € enregistrait une baisse de plus de 37%, l’investisseur détenant une obligation allemande 10 ans engrangeait sur la même période un gain de plus de 8%.

Ainsi, même si les taux d’intérêt sont historiquement très bas et que l’ampleur d’une nouvelle baisse sera probablement limitée, la détention d’obligations continue d’avoir du sens dans la construction d’un portefeuille qui se veut moins risqué.

Ainsi bien que les taux soient négatifs, les obligations remplissent toujours leur rôle à savoir : une alternative au monétaire et une protection en cas de baisse des marchés actions.


Achevé de rédiger le 29/01/2021 par Nadja de Benedit, directrice de la gestion obligataire, chez Dubly Transatlantique Gestion