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Endettement, ami ou ennemi des marchés financiers

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Tania Goncalves,
gérant d’actifs chez Dubly Transatlantique Gestion.
Ce qui a fait basculer les marchés financiers en octobre 2018, c’est véritablement un problème d’endettement.

Transcription de la vidéo

Endettement, ami ou ennemi des marchés financiers

Les raisons invoquées pour expliquer la baisse de plus de 17% du MSCI Monde entre octobre et décembre 2018 sont le plus souvent de deux ordres. D’une part, le ralentissement de la croissance économique suite aux guerres commerciales entre la Chine et les États-Unis, d’autre part les tensions en Europe, avec les sujets du Brexit et le vote à l’équilibre du budget italien.

Mais ces éléments étaient connus dès le mois de mars par les marchés financiers. Ce qui a fait basculer les marchés financiers en octobre, c’est véritablement un problème d’endettement.

En effet, avec la crise de 2008, les banquiers centraux ont fait de la dette la pierre angulaire pour éteindre le risque systémique. En 10 ans, l’endettement mondial a été multiplié par 2, passant à plus de deux fois le PIB mondial.

Si nous regardons le marché obligataire, plus particulièrement le marché des entreprises américaines, nous constatons que celui-ci a été multiplié par 2,5. Avec une part belle faite aux obligations de type « BBB » qui ont été multipliées par trois passant à plus de à 3 000 Mrds $. Cependant, en cas de ralentissement, ces sociétés notées « BBB » peuvent avoir des difficultés à faire face à leurs échéances de paiement régulières.

Ainsi, sur les trois dernières crises économiques, c’est entre 7% et 15% des obligations « BBB » qui ont basculé en obligations risquées dite high yield.

De fait, nous avons potentiellement une poche d’obligations risquées de 1 100 Mrds $, soit 2 fois plus qu’en 2008. Ainsi en octobre 2018, c’est justement cette crainte de refinancement de la dette « BBB » qui a fait basculer les marchés. Nous avons vu une baisse plus de 14% du S&P 500 en octobre et une hausse de plus de 200 points de base du coût du crédit high yield.

Deux raisons l’expliquent. D’une part, la baisse des cours du pétrole de plus de 40% faisant ainsi craindre les difficultés de remboursement des groupes pétroliers.

D’autre part, le maintien d’une politique monétaire de resserrement aux États-Unis et ce en dépit du ralentissement économique annoncé faisant craindre des difficultés de financement sur cette dette « BBB ».

Cet avertissement d’octobre nous montre bien, nous n’avons d’autres choix que de dominer la dette pour ne pas se faire dominer.

Les banquiers centraux l’ont bien saisi, et dès janvier nous avons un discours plus rassurant tant du côté de la Banque centrale américaine de la Banque centrale européenne concernant la politique monétaire.

Notamment avec un revirement du discours de Jerome Powell le président de la FED qui se dit prêt à agir sur les taux, je cite « la politique monétaire n’est pas sur une trajectoire préconçue ».

Ce discours a permis de rassurer les marchés financiers avec une hausse de +9% depuis le début de l’année pour le S&P.

Pour conclure, nous pensons que le climat des affaires restera incertain dans les prochains mois mais nous renouvelons notre confiance dans les banques centrales pour contenir le risque principal de l’endettement.