#HORIZONMARCHÉS

Quel impact du réchauffement climatique sur les décisions d’investissement ?

Des engagements ont été pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le risque climatique est-il suffisamment pris en compte par les marchés ?
Quel impact en termes d’allocation ?

Retrouvez votre rendez-vous financier avec Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

Transcription de la vidéo

Horizon marchés : quel impact du réchauffement climatique sur les décisions d’investissement ?

Interview de Jean-Patrick Mousset, responsable de l'allocation d'actifs chez Banque Transatlantique.

L’impact du réchauffement climatique sur les décisions d’investissement

Le réchauffement de la planète s’accompagne d’évènements climatiques de plus en plus extrêmes, qui ont des conséquences de long terme sur l’économie.

Lors de la dernière COP 26, des engagements supplémentaires ont été pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et ainsi limiter le réchauffement à 2° par rapport aux niveaux pré-industriels. Sans réduction des émissions, les températures pourraient s’élever de 2,5° à 3,5°.

Comment mesurer l’impact de l’activité économique sur le climat ?

Les entreprises communiquent de plus en plus le niveau actuel de leurs émissions de CO2, directes et indirectes, ainsi que leur projection de diminution de ces émissions.

Un investisseur peut donc mesurer l’empreinte carbone de son portefeuille en multipliant les émissions de chaque actif par leur poids respectif. Et il peut ainsi diminuer son empreinte carbone en préférant les classes d’actifs à faible impact carbone ou en choisissant celles affichant la meilleure trajectoire de diminution.

Enfin, il existe un marché de quota d’émissions qui permet d’attribuer un prix à la tonne de carbone émise. Donc si on connaît le niveau d’émission de CO2 d’une entreprise, on peut en déduire l’impact en termes de charges supplémentaires qu’aurait une augmentation future du prix du carbone sur les résultats à venir de cette entreprise.

Quels sont les principaux impacts par classe d’actifs ?

On estime qu’une inaction climatique, entraînant une forte hausse des températures, affecterait à la baisse l’activité économique mondiale sur long terme.

En ce sens, et toutes choses égales par ailleurs, cette baisse de la croissance aurait un impact négatif sur les rendements des obligations mais donc positif sur la valeur des emprunts d’État. Excepté peut être de certains pays émergents, plus exposés au risque physique.

Pour les actions en revanche, les flux de trésorerie des entreprises devraient être affectés par un prix du carbone de plus en plus élevé mais également par la nécessité d’investir plus massivement dans la transition énergétique. Et certaines entreprises vont devoir déprécier dans leurs comptes les actifs les plus carbonés.

Pour les matières premières enfin, la transition énergétique implique une forte demande en acier pour la construction d’éolienne par exemple, ou en cuivre pour l’électrification de véhicules électriques.

Par ailleurs, des chocs climatiques entraînent une tension sur les prix des matières premières agricoles.

Comment caractériser le risque climatique sur les actifs financiers ?

On distingue le risque lié à la transition énergétique du risque physique.

Au niveau microéconomique, la transition énergétique s’accompagne d’une hausse probable du prix du carbone et de lourds investissements de dé-carbonation à mener. Un investisseur est donc en droit d’exiger pour son placement un supplément de rémunération supplémentaire (qu’on pourrait appeler « prime de risque carbone ») en plus de la prime de risque spécifique liée à l’actif (prime de risque action ou prime de risque crédit).

Au niveau macroéconomique, la transition énergétique est un facteur de risque supplémentaire d’inflation et amène les États à s’endetter davantage pour financer les investissements liés à la décarbonation de l’économie.

Le risque physique climatique lui se matérialise par la destruction du potentiel productif des entreprises, que ce soit en capital physique ou humain. Il constitue donc une menace sur leur capacité bénéficiaire à terme. Ce risque physique affecte également les biens immobiliers. Certains sont affectés par les conséquences du réchauffement dont l’élévation du niveau de la mer par exemple. Le patrimoine immobilier de certains ménages peut donc à terme être affecté.

Le risque climatique est-il suffisamment pris en compte par les marchés ?

De nombreux investisseurs ont déjà commencé à décarboner leur portefeuille, en vendant leurs actifs les plus carbonés et donc en pesant sur leur valorisation. Les sociétés des secteurs de l’énergie, des services aux collectivités ont vu ainsi leur poids dans les indices baisser au cours de la dernière décennie.

À l’inverse, les marchés ont renchéri le prix de certains actifs dits « verts ». Certains atteignent aujourd’hui des multiples de valorisation élevés. Et l’augmentation à venir des flux financiers sur cette thématique « verte » alors que la quantité de capital offert reste limitée, devrait entretenir cette tendance.

Quel impact en termes d’allocation ?

En conclusion, en termes d’allocation d’actifs, les impacts sont multiples : les actifs obligataires seraient moins impactés car les banques centrales devraient financer la transition énergétique.

À l’inverse, les actions seraient elles plus impactées, leur prime de risque devant tenir compte du risque climatique.

Les investisseurs qui sauront à la fois anticiper les changements réglementaires à venir, et qui détecteront les entreprises s’adaptant le mieux à la transition, devraient surperformer.

À très bientôt pour un nouveau point #HorizonMarchés.