Une volonté politique, des plans d’investissements ambitieux, une prise de conscience générale et une réglementation qui évolue ont permis l’émergence de politiques dites « ESG » (environnementale, sociale et de gouvernance), aussi bien chez les acteurs économiques que dans le monde de la gestion d’actifs.

Une base politique à la réduction des émissions de gaz à effet de serre

L’accord de Paris signé en décembre 2015, lors de la COP21, a posé les premières bases d’un engagement politique mondial sur la limitation du réchauffement climatique « nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels ».

Cet accord prévoit dans son article 2, le désinvestissement des énergies fossiles en « rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre » afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici la fin du siècle (compensation des émissions de gaz à effet de serre résiduels par des puits de carbone).

Ces engagements ont été complétés par les Nations Unis qui ont défini 17 objectifs de développement durable, base de référence à une transformation durable en lien avec le respect des limites planétaires en matière de ressources, de biodiversité... et avec un objectif de plancher social de bien-être pour l’ensemble des populations (santé, absence de pauvreté, lutte contre la faim dans le monde...). Mais les financements avaient du mal à se concrétiser.

La crise de la Covid-19 aura au moins une vertu, c’est la nécessité de construire des plans de relance de grande ampleur afin de relancer l’économie en sortie de cette crise sanitaire, et cette relance sera verte.

En effet, le plan de relance européen « Next Generation EU » de 750 milliards d’euros lancé en juillet et validé en décembre 2020, prévoit que 37% des dépenses devront être allouées aux objectifs environnementaux, quand 20% seront dirigés vers la digitalisation de l’économie.

Concomitamment, le plan de relance américain, qui sera présenté prochainement par le président Joe Biden, remettra les questions environnementales en avant, alors que les Etats-Unis vont revenir dans les accords de Paris et épouser les orientations générales de réduction des gaz à effet de serre.

Même la Chine se fixe des objectifs d’investissement ambitieux en la matière, le gouvernement chinois ayant annoncé sa volonté d’arriver à une neutralité carbone en 2060 contre 2050 pour la plupart des pays, et mettant en œuvre un plan sur 10 ans de 100 milliards de dollars par an dans les énergies renouvelables.

Une base réglementaire à la finance durable : la taxonomie européenne

Qu’est-ce que la taxonomie ? C’est la science de la classification des êtres vivants. Elle concerne aujourd’hui d’autres domaines comme les sciences humaines et sociales, les sciences de l’information ou encore l’informatique.

La taxonomie européenne définit une liste d’activités économiques ainsi que des seuils de performance qui mesurent la contribution de ces activités à 6 objectifs environnementaux. Au total, ces activités sont responsables de 93% des émissions de gaz à effet de serre dans l’Union européenne.

L’ensemble des acteurs que sont les grandes entreprises, les États membres dans la rédaction de leurs normes et les acteurs financiers seront dans l’obligation de publier des informations sur leur niveau de conformité à la taxonomie, cette réglementation poussant l’ensemble d’entre eux à orienter leurs investissements vers des activités qui réduisent sensiblement l’empreinte carbone.

Une volonté politique appuyée dorénavant par des plans d’investissements ambitieux, une prise de conscience générale des acteurs économiques et des populations, une réglementation qui évolue et qui impose de nouvelles obligations, ont permis l’émergence de politiques dites « ESG » : environnementale, sociale et de gouvernance aussi bien chez les acteurs économiques que dans le monde de la gestion d’actifs.

Et il est incontestable que les flux de capitaux commencent à se réorienter de manière conséquente vers une économie décarbonée. La sortie définitive du secteur pétrolier de certains fonds souverains ou de grands gestionnaires d’actifs pèse fortement sur la valorisation de ce secteur qui a affiché l’année dernière une baisse de 31,8%. À contrario, une valeur comme Schneider, bien qu’elle ait été touchée par la baisse générale d’activité, qui intervient sur l’efficience énergétique et est capable de proposer à ses clients de remplir leurs engagements de réduction de 30% de leurs émissions de gaz à effet de serre, a progressé l’année dernière de près de 30%. Une étude du cabinet PWC prévoit qu’en 2025, c’est-à-dire demain, 50% des actifs seront gérés avec cette approche ESG contre 7% à l’heure actuelle. Ces flux positifs devraient continuer à pousser les valorisations de ces valeurs.

Dubly Transatlantique Gestion intègre d’ores et déjà une dimension ESG

Dubly Transatlantique Gestion s’engage dans cette démarche de manière volontariste, solide et transparente, et intègre d’ores et déjà une dimension ESG à la construction de ses portefeuilles.

L’ensemble de nos investissements intègre dorénavant une étude ESG précise qui se base sur une première analyse quantitative fournie par un prestataire spécialisé et qui se complète par une analyse qualitative menée par nos propres analyses internes.

Ces analyses nous permettent d’évaluer et de contrôler les engagements pris par les sociétés dans les domaines de l’environnement (utilisation des ressources, consommation d’énergie pour les processus de production ou d’acheminement des produits, réduction des émissions de CO2...), sociaux (parité, niveau de rémunération, discrimination...) ou de gouvernance (rémunération des dirigeants, administrateurs externes...). Enfin, nous analysons les controverses qui peuvent affecter certaines sociétés (corruption, entente sur les prix, protection des employés chez les sous-traitants...).

Et les sociétés qui ne passent pas ces filtres sont exclues de nos portefeuilles

En outre, nous examinons avec attention les sociétés dont l’intensité carbone est déjà faible comme les valeurs spécialisées dans les énergies renouvelables, les valeurs qui vont contribuer à la transition vers une économie zéro émission nette d’ici 2050, comme les valeurs liées au développement de la mobilité « verte » ou de l’hydrogène, celles qui vont permettre de réduire les émissions de CO2 comme les valeurs qui permettront d’améliorer l’efficience énergétique des processus de production, d’agir dans la construction et la rénovation de bâtiments moins énergivores, ou encore d’améliorer l’empreinte carbone du monde agricole.

Notre univers d’investissement va s’élargir avec des valeurs qui respecteront nos critères de sélection habituels basés sur la croissance visible à long terme et sur la qualité des modèles de rentabilité pour l’actionnaire, mais en y ajoutant de manière contrôlable des critères ESG qui permettront une meilleure qualité de vie pour les générations futures.

Le climat devient l’affaire de tous car notre planète le vaut bien !

Par Stéphane Cochener, responsable de la gestion sous mandat / gérant de portefeuilles, chez Dubly Transatlantique Gestion

Achevé de rédiger le 29/01/2021