Politique monétaire

Ralentissement du rythme de hausse des taux directeurs ?

Les risques exogènes évoqués depuis le début d’année (Brexit, crise budgétaire italienne et guerre commerciale) se matérialisent de plus en plus dans les données macroéconomiques. La baisse des PMI chinois et la chute du cours du pétrole sont venues confirmer, en début de mois, les doutes des investisseurs sur la dynamique de croissance à venir. Une croissance qui a été revue à la baisse dans l’ensemble des zones par les investisseurs.

Retour sur les valeurs refuges

Cette anticipation a provoqué un fort mouvement d’achat sur les actifs « refuges » tels que les taux d’emprunts à 10 ans, allemands et américains et une forte baisse des prix des actifs « risqués » comme le crédit (investissement et haut rendement).

Les banques centrales adaptent leur discours

Malgré ces évolutions récentes, la BCE maintient l’arrêt de ses achats nets d’actifs à la fin du mois, avec une perspective de hausse des taux directeurs après l’été 2019. Les investisseurs doutent de plus en plus de la capacité de l’institution à maintenir le cap en cas de ralentissement de la croissance, dans un contexte de changement de présidence de la BCE en 2019.

De son côté, la FED a tenu un discours plus accommodant en fin de mois parlant d’un niveau actuel des taux directeurs proche du taux « neutre », ce qui laisse envisager au marché un ralentissement du rythme de hausse de taux directeurs.

Retrait progressif des liquidités et hausse des primes de crédit

Le seul élément concret sur lequel nous pouvons nous appuyer est le retrait progressif des liquidités excédentaires injectées par les banques centrales depuis plusieurs années et dont l’impact est déjà visible sur le marché obligataire, particulièrement illiquide en cette fin d’année.

Le mouvement de hausse des primes de crédit depuis le début d’année 2018 efface désormais l’ensemble de la performance enregistrée en 2017. Nous revenons sur des primes de crédit équivalentes aux niveaux constatés avant l’annonce du programme d’achat « crédit » de la BCE, début 2016.

Prudence sur les anticipations de hausse des taux

Dans ce contexte, de nombreux émetteurs « haut rendement » ont dû repousser leurs émissions. Suite à la matérialisation des risques exogènes dans les chiffres macroéconomiques nous adoptons une gestion plus prudente sur nos anticipations de hausse de taux et allégeons notre exposition au crédit. En contrepartie, nous avons augmenté notre exposition aux emprunts allemands et français à 2 ans et conservons une large part de liquidités.