Au 30 juin, les grandes places boursières ont, dans leur majorité, effacé les pertes de la forte correction constatée fin 2018. Il est intéressant d’observer que cette appréciation concerne aussi bien les actions, que les taux souverains ou même l’or !

Revirement sur le front de la guerre commerciale

Si la période s’achève sur de nouveaux plus hauts historiques sur l’essentiel des actifs cotés, elle a toutefois connu un regain de volatilité, ainsi qu’une légère correction en mai. C’est d’abord l’escalade des tensions sino-américaines qui explique ces difficultés. La mise au ban du géant technologique chinois Huawei et le discours très dur de la Maison-Blanche face à son principal partenaire commercial, ont mis à mal l’avancée des négociations commerciales engagées depuis janvier.

Ce revirement de ton du président Donald Trump a ravivé des tensions qui s’étaient fortement dissipées au premier trimestre. Simultanément, l’exécutif américain a ouvert un nouveau front face au Mexique, contraignant ce pays à se soumettre aux exigences américaines sur la question migratoire.

Alors que la croissance mondiale confirme chaque jour un peu plus sa décélération, toute nouvelle incertitude conduit à des corrections parfois sévères. Ces craintes ont également dirigé les investisseurs vers les actifs refuges comme les dettes souveraines de premier rang et l’or.

Dans un deuxième temps, la reprise du dialogue à l’occasion du G20 entre les deux premières puissances mondiales a stoppé net le mouvement baissier fin mai.

Les banques centrales toutes puissantes

L’ensemble des statistiques macro-économiques atteste à chaque nouvelle publication d’un ralentissement de l’activité économique internationale. En Allemagne, les différents indicateurs d’activités illustrent les uns après les autres le déclin de son dynamisme, notamment suite à la chute de ses exportations.

La Chine ne cesse de stimuler son activité au moyen de leviers budgétaires ou fiscaux. Aux États-Unis même, moteur de l’économie mondiale, certains signes de faiblesse commencent à poindre.

Il ne s’agit évidemment pas à ce stade de parler de récession ou de crise économique mais bien de constater un essoufflement. Cette faiblesse se traduit en premier lieu dans les perspectives inflationnistes. Alors que le taux de chômage est au plus bas depuis 50 ans aux États-Unis et qu’il poursuit sa décrue en Europe, les salaires ne progressent que très peu. Ces données contraignent les Banques centrales à tenir un discours toujours plus accommodant. La Réserve Fédérale repousse la poursuite de son resserrement monétaire enclenché fin 2015 et gelé depuis janvier. Le consensus Bloomberg anticipe à présent à 100% la probabilité d’une baisse des taux directeurs américains lors de sa prochaine réunion de juillet.

En Europe, Mario Draghi a exclu toute remontée des taux en 2019 tout en dévoilant de nouvelles mesures, notamment auprès des banques. L’objectif d’inflation est retombé à 1,2% en zone euro pour 2019 et les pronostics de croissance, prévus à 1,7% en décembre dernier pour 2019 et 2020, ont été revus à la baisse à 1,1% puis 1,6%. En conservant un biais expansionniste, les banques centrales font preuve d’une extrême bienveillance à l’égard des marchés financiers saluée par les investisseurs entraînant toutes les classes d’actifs vers de nouveaux records. Le CAC 40 refranchit ainsi la barre des 5 600 points et le Nasdaq s’installe à nouveau au-dessus des 8 000 points. L’action des banques centrales conduit également à une forte appréciation des marchés obligataires. Le 10 ans allemand s’établit à présent à -0,40% et le 10 ans américain recule sous les 2%.

À ces niveaux de rémunération, les taux réels demeurent négatifs aux États-Unis. Cette poursuite du mouvement baissier sur les taux longs explique d’ailleurs en grande partie la hausse rapide de l’once d’or en juin.

Quelle attitude adopter dans ce contexte ?

Malgré le ralentissement décrit plus en amont, nous pensons que le cycle économique mondial demeure expansionniste. L’action des banques centrales vient par ailleurs soutenir les valorisations des actifs financiers.

Nous conservons donc un biais favorable pour les actions. Certains secteurs affichent toujours des perspectives de croissance remarquables, nous conduisant à conserver notre allocation sectorielle à savoir :

  • une forte exposition à la consommation cyclique, notamment au travers des valeurs du luxe et du commerce en ligne ;
  • une surpondération du secteur des technologies dans son ensemble. Qu’il s’agisse des logiciels, des grands acteurs de l’internet ou de la cybersécurité par exemple, nous considérons que ces entreprises offrent toujours des perspectives de développement importantes ;
  • une appétence forte pour le secteur de la santé, en privilégiant toutefois les acteurs du matériel médical et du diagnostic (medtech) face aux grands laboratoires ;
  • en revanche, nous maintenons une vue négative sur le secteur financier et sur les banques en particulier. La poursuite du mouvement baissier sur les taux souverains renforce la pression sur la rentabilité de ces dernières.

Tant les éléments sectoriels évoqués que la dynamique du cycle de croissance mondiale nous mènent à conserver une forte exposition au marché américain.

Achevé de rédiger le 08/07/2019