Au fil des décennies, Schneider a su se réinventer et se transformer.
Le groupe est parvenu à fait évoluer son positionnement et son portefeuille d’activités.
Mais également à intégrer des critères extra-financiers dans la gestion de l’entreprise.

Un long chemin emprunté par le groupe

Depuis l’achat de fonderies au Creusot par les frères Schneider en 1836, jusqu’au groupe international d’aujourd’hui, présent dans 115 pays et réalisant 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise Schneider a traversé les époques en s’adaptant continuellement aux évolutions technologiques et économiques.

Il ne s’agit donc pas ici de ruptures radicales ou d’innovations révolutionnaires (à l’inverse d’un Moderna ou d’un Tesla), mais d’un long chemin emprunté par le groupe.

Schneider devient « Schneider Electric »

L’évolution du groupe vers ce qu’il est devenu aujourd’hui s’est principalement déroulée au cours des 40 dernières années, période pendant laquelle Schneider a progressivement fait évoluer son positionnement et son portefeuille d’activités. Les années 80 et 90 ont marqué le début de cette transformation, avec la cession de toutes les activités qui n’étaient pas liées à la gestion de l’électricité (par exemple la cession de la division ferroviaire à Alstom).

Dans le même temps, le groupe réalise des acquisitions importantes : Sarel, Télémécanique, Merlin Gerin... jusqu’au changement de nom en 1999 : Schneider devient « Schneider Electric ».

Schneider se recentre sur deux métiers

Au cours des 20 dernières années, Schneider accéléra à nouveau sa transformation, en recentrant ses activités sur deux métiers : la gestion de l’énergie pour tous types de bâtiments (résidentiels, commerces, data centers...) et les logiciels d’optimisation des processus industriels.

Les cessions se poursuivent, mais aussi et surtout les acquisitions importantes, désormais souvent à l’international (États-Unis, Inde, Allemagne, Chine, Royaume-Uni...), sous la houlette du nouveau directeur général Jean-Pascal Tricoire (nommé en 2003, et qui deviendra CEO 10 ans plus tard).

De nombreuses acquisitions

Et pour cela, Schneider n’a pas hésité à mettre la main au portefeuille, acceptant bien souvent de racheter des entreprises sur des ratios de valorisation bien plus élevés que les siens. Parmi ses très nombreuses acquisitions, citons les plus emblématiques : Invensys en 2013 au Royaume-Uni (pour 3,8 milliards d’euros), Aveva en 2017 au Royaume-Uni (1,7 milliards de livres sterling pour 60% du capital), Larsen & Toubro en 2018 en Inde (1,75 milliard d’euros), RIB Software en 2020 en Allemagne (1,3 milliard d’euros).

Résultat : le groupe réalise désormais 18% de son chiffre d’affaires sur la vente de logiciels et services associés et 22% sur la vente de solutions complètes, soit des activités à plus forte valeur ajoutée que les équipements électriques traditionnels. Autre avantage : ces activités génèrent des revenus plus récurrents auprès des grands clients industriels. Schneider devrait d’ailleurs dépasser, dès cette année, son niveau de chiffre d’affaires et de bénéfices de 2019, « effaçant » ainsi la crise économique et sanitaire de 2020.

Une vision stratégique

À titre de comparaison, l’un de ses concurrents historiques, l’allemand Siemens, fut également fondé au 19ème siècle et trouve aussi ses racines dans le développement des machines à vapeur. Tout comme Schneider, le groupe a profondément évolué au cours des décennies passées, se renforçant sur les mêmes métiers de gestion de l’électricité et des processus industriels. Mais en partie seulement : Siemens demeure un conglomérat, réalisant encore la moitié de son chiffre d’affaires dans d’autres activités, telles que le transport ferroviaire, les équipements médicaux, les turbines et les services financiers. La bourse n’apprécie guère cette diversification, le titre ayant progressé de 200% depuis 10 ans contre 379% pour Schneider.

Au fil des décennies, Schneider a donc su corriger ses erreurs, faire évoluer son portefeuille d’activités, bref se réinventer et au final trouver sa voie. Cela fut parfois laborieux, complexe et coûteux, mais le groupe y est finalement parvenu, davantage grâce à une vision stratégique, que par la créativité et l’innovation technologique (que le groupe a souvent épousée par le biais de ses acquisitions). Schneider souhaite donc profiter des tendances d’aujourd’hui et communique d’ailleurs sur un objectif clair : accompagner ses partenaires et clients dans leur transformation digitale.

L’intégration des critères extra-financiers

Mais le panorama ne serait pas complet sans parler de la « deuxième » transformation du groupe : car depuis plusieurs années, Schneider a pris très au sérieux un autre sujet majeur, à savoir celui de l’intégration des critères extra-financiers dans la gestion de l’entreprise. Il faut dire que le groupe est particulièrement concerné par ces questions, au premier rang desquelles se trouvent les enjeux environnementaux. Quoi de plus naturel que de communiquer sur la réduction de la pollution pour un groupe dont les produits visent justement à aider ses clients à faire des économies d’énergie ! Mais Schneider ne s’est pas arrêté à l’environnement, développant de nombreuses initiatives également sur les problématiques de gouvernance et de gestion des ressources humaines.

Le groupe fait aujourd’hui partie des meilleurs élèves, obtenant de très nombreux prix et d’excellentes notes auprès des agences spécialisées... ce qui n’est d’ailleurs pas pour nuire à sa valorisation boursière !

Achevé de rédiger le 22/11/2021 par Arnaud Tourlet, responsable de la gestion collective actions au sein de Dubly Transatlantique Gestion.