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Tesla est un ORNI : Objet Roulant Non Identifié

L’engouement des investisseurs et des consommateurs pour Tesla est indéniable. Tesla a littéralement créé le marché de la voiture électrique et connectée grand public. La bourse s’affranchit donc de tous les ratios ordinaires pour valoriser cette entreprise. Mais le bilan écologique de Tesla est-il pour autant plus vertueux ?

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Transcription de la vidéo

Tesla est un ORNI : Objet Roulant Non Identifié

Tesla est un ORNI : Objet Roulant Non Identifié

Créé en 2003, Tesla développe, fabrique et commercialise principalement des voitures électriques de haute performance.

Au bord de la faillite plusieurs fois dans son histoire, la valorisation boursière de Tesla est stratosphérique et atteint aujourd’hui 570 Mds $. Tesla espère livrer 500k véhicules électriques en 2020, soit une valorisation actuelle de 1.1 M $/véhicule vendu. Peugeot a une capitalisation de 23 Mds $ pour 3.5 M de véhicules vendus en 2019, soit 6 600 $/véhicule vendu. La valorisation de Tesla cristallise en partie l’espoir d’un monde futur, où la propulsion électrique se substitue à la propulsion thermique. Un monde où l’énergie électrique est stockable à grande échelle.

Mais Tesla est-elle véritablement comparable aux entreprises automobiles traditionnelles ?

Tesla est aux antipodes des autres fabricants automobiles, et cela pour plusieurs raisons : première raison, les constructeurs d’hier doivent transformer leur appareil productif, réallouer leurs ressources vers la voiture électrique voire faire évoluer leur culture d’entreprise. Tesla part de 0 et fait donc l’économie de ces lourdes restructurations d’autant qu’elle commercialise encore peu de modèles.

Deuxième raison : Tesla offre une expérience de conduite totalement inédite très appréciée par ses clients. A l’inverse des voitures thermiques, elle ne fait pas de bruit, elle a du couple et le conducteur peut également depuis son domicile la recharger. Par ailleurs, l’habitacle met l’accent sur les technologies du numérique (commandes tactiles, grand écran, conduite semi-autonome, mise à jour du système de bord à distance...). Tesla dispose par ailleurs de son propre réseau de bornes de recharge. Les données de sa flotte de véhicules permettent à Tesla de développer des technologies de voiture autonome, voire d’imaginer de nouveaux marchés comme l’autopartage ou encore les robots taxis. Les voitures Tesla ne sont donc pas seulement des produits mécaniques mais également des logiciels à part entière.

Troisième raison : Tesla possède une stratégie marketing hors norme car jusqu’à maintenant elle n’a pas eu besoin de réaliser de grandes dépenses pour promouvoir ses produits. Et quand Tesla investit, les opérations marketing sont grandioses, notamment la mise sur orbite du modèle Roadster autour de la Terre.

Quatrième raison : Tesla possède un réseau commercial minime. Contrairement aux constructeurs traditionnels, Tesla ne dispose que de très peu de points de vente et privilégie la vente en ligne pour économiser les frais de showroom et internaliser ainsi la marge de commercialisation.

Cinquième et dernière raison : L’aura de son dirigeant actionnaire, le détonnant Elon Musk. Contrairement à la plupart de ces concurrents, Elon Musk a choisi de lier son destin à celui de Tesla. Il possède actuellement 20% du capital et sa part devrait progresser fortement à mesure que son plan de rémunération en actions se matérialise. Un plan de rémunération totalement inédit d’ailleurs dans son ampleur.

Tesla n’est pas donc pas une automobile ordinaire mais bel et bien un Objet Roulant Non Identifié. L’engouement des investisseurs et des consommateurs pour Tesla est indéniable. A tout niveau Tesla est une entreprise atypique, une voiture Tesla est différente d’une voiture traditionnelle. Tesla a littéralement créé le marché de la voiture électrique et connectée grand public. Ce succès a contraint les constructeurs automobiles à se réinventer. Le secteur semble à l’aube d’une nouvelle ère où Tesla se positionne comme le leader. La bourse s’affranchit donc de tous les ratios ordinaires pour valoriser cette entreprise.

Le bilan écologique de Tesla est-il pour autant plus vertueux ?

Toutefois, la question d’un bilan écologique d’une voiture Tesla n’est pas tranchée. Les questions des incidences écologiques d’une Tesla au cours de son cycle de vie pourraient préoccuper les investisseurs et les consommateurs à l’avenir : pollution liée à l’extraction des terres rares, et autres métaux indispensables aux voitures électriques, rejets de CO2 de la production électrique alimentant les batteries ou encore recyclage de ces dernières.

Le bilan écologique de Tesla sera-t-il demain son talon d’Achille ?

A très bientôt pour un nouveau point horizon marché